Portrait d'Édouard Glissant

Édouard Glissant (photo: Caecilia Tripp)

Crédits web: Ambroise Barras (2007)

En collaboration avec la 14e semaine de la langue française et de la francophonie Avec le soutien de la Ville de Genève. En collaboration avec l'Institut du Tout-monde.

Maison de la littérature

Journée Édouard Glissant: poésie toute!

À l'origine, ces îles: Martinique pour Césaire et Édouard Glissant, Guadeloupe pour Alexis Leger qui signera Saint-John Perse. Luxuriance des Tropiques, affiche d'Eden dont l'histoire observable commence par un enfer d'hommes.

L'enfant, l'adolescent puis l'homme au Sang givré n'aura pas été long à détecter ce qui travailla en sous-œuvre ce Champs d'îles*: géographiquement, les premières marches du continent américain, les démesures de ses climats et de ses paysages, le tellurisme violent des Rocheuses et des Cordillères dont les secousses ébranlent encore ces Terres inquiètes; historiquement, après l'extermination des Indiens caraïbes, premiers occupants, la compensation de ces meurtres de masses par des déportations massives, aux Antilles, de main-d'œuvre africaine esclave, d'abord pour assurer la culture des épices, fin dernière du «commerce triangulaire», puis les impitoyables conditions de travail dans les plantations de l'industrie sucrière, cette histoire dont témoignera Boises (carcans d'esclaves) et, à plus large échelle, mondiale, Sel noir et, directement aux Antilles, Les Indes (dites «occidentales»).

Mail il n'est de poésie qui vaille, et vaille politique, que dans un travail de «recreusement» et de retournement. Ces îles du bout du monde (Atlantique), aux allures de dépendances lointaines des grandes cultures européennes, seront les clés du Tout-Monde: parce que les périphéries peuvent tant réinventer leurs racines africaines que s'ouvrir entre elles aux circulations et aux échanges, porteurs de chances d'imprévisible. Parce que, surtout, de façon exemplaire, à la plus grande échelle du monde, là où l'ordre et les clôtures d'un cosmos ne cessent de se démanteler sous nos yeux et sous nos pas, s'ouvre lisiblement un Chaosmos dont une poésie vive est à même d'appréhender et de traduire et peut-être de promouvoir, le très houleux mouvement et le très complexe foisonnement.

Antoine Raybaud

*Premier recueil de Glissant (1953). La lecture d'extraits (entre autres) de Terre inquiète (1954) et de Sel noir (1960) précédera la grande lecture, par Marianne Basler, de Les Indes (1955).

Programme

Dialogue entre Michel Butor et Édouard Glissant: «Ecritures du monde»

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